En aval du Bourg de SENEZERGUES, se trouve l’un des plus beaux vestiges du passé de notre commune : un magnifique château féodal datant du XVe siècle. En effet, c’est en 1440 que Jean dit Archambaud de la Roque obtint de Charles 1er Duc du Bourbonnais et d’Auvergne, dont il fût le premier écuyer, l’autorisation de construire un château avec des tours, murs d’enceinte, créneaux, ponts levis et fossés. Cette superbe construction se substitua donc à ce qui n’était auparavant qu’une imposante demeure en partie détruite par les anglais au XIVe siècle. Il comptait à l’origine cinq grosses tours et un mur d’enceinte formant un rempart de 3 à 6 mètres de hauteur d’où s’élevaient trois tourelles détachées. Un escalier en spirale comptait 84 marches en granit. Il fût au Moyen Age le siège d’une intense activité militaire. Autour de ce château se trouvaient les dépendances, telles que le bureau des recettes, la boulangerie, la buanderie, les caves voutées, les écuries, les greniers à fourrages et à grain avec les bâtiments d’exploitation à l’extérieur. |
En contrebas de cet édifice majestueux s’étalaient les jardins composés de terrasses superposées. Plus bas encore, se dressaient de grands châtaigniers qui formaient d’immenses bois couvrant ces gorges ténébreuses et dont les racines se désaltéraient dans les eaux bouillonnantes de l’Auze.
A quelques centaines de mètres de cette remarquable demeure féodale se trouvait la chapelle privée qui fût détruite pendant les guerres de religion.
Ici fût déposé le tombeau d’un Archambaud de la Roque, Seigneur de SENEZERGUES qui se voyait encore au cœur de cette église au milieu du XIXe siècle.
Cette famille De La ROQUE de SENEZERGUES s’est apparemment éteinte en 1717 à la mort de François Louis De La ROQUE, Chevalier, qui avait fait son testament au château et dont la succession fût partagée entre ses trois sœurs.
C’est en 1793, pendant la révolution que les créneaux furent démolis, les mâchicoulis dégradés et les fossés comblés.
Un soir, les 4 tours restantes, d’une hauteur de 6 étages, flambèrent telles des cheminées géantes et expulsèrent leurs toits dans le près qui s’étalait à leurs pieds. Malgré les dégâts, les tours ne s’écroulèrent pas, et après la révolution, les anciens propriétaires revinrent y trouver refuge.
« Le Comte de BARRA » reprit sa place dans le grand fauteuil de soie grise et argent où était mort son père. Mais il mît des tentures en affreux papier de style empire dans les deux salles voutées où il établit son logis. Il était aveugle, maigre avec de longs bras et ressemblait à une immense chauve souris abattue et tombée. Son plaisir était de donner à danser. La noblesse des environs répondait à son invitation, et parfois dans le vieux château, on dansait au son d’une épinette pendant douze heures sans s’arrêter. Puis les cavaliers et les Dames, en manteau de cheval, reprenaient en dormant sur leur monture les sentiers de la vallée. » (extrait de « Le pays d’où l’on vient »)
De longues années plus tard, les agressions qu’avait subi ce château se firent ressentir, telles de vieilles douleurs, et vers 1902, l’une des quatre tours, victimes jadis d’incendie, se détacha et s’écrasa d’un seul bloc, comme s’effondre un soldat, dans les anciens fossés qu’elle dominait.
Près d’un siècle plus tard ce splendide édifice a conservé, malgré les nombreuses années qui pèsent sur ses tours, toute sa majesté. Il sait encore susciter, à juste titre, le respect et l’admiration chez tout individu qui ose s’approcher.
Après toutes ces années, quel lourd héritage pour le propriétaire actuel, qui en a cultivé les terres avec amour et a assuré l’immense entretien de ce chef d’œuvre renfermant dans ses murs tant de légendes, d’évènements, en un mot ce passé historique si riche qui fait aujourd’hui la fierté de notre commune.